L’aventure de Qwant, le moteur de recherche qui voulait faire de l’ombre à Google.
Un moteur de recherche au positionnement éthique
En 2011, Eric Léandri et Jean-Manuel Rozan lancent une idée aussi audacieuse qu’ambitieuse : un moteur de recherche européen qui défie l’hégémonie de Google dont la part de marché en Europe est de 93 % ! Autre grande ambition de Qwant : respecter la vie privée des utilisateurs.
Ce dernier point passe par l’absence de cookies dans votre navigateur lorsque vous faites une recherche. Qwant se positionne comme le moteur de recherche qui ne va pas vous suivre partout et ne va pas collecter vos données personnelles pour les revendre. De plus, Qwant prend soin des utilisateurs en misant non pas sur l’opt-out comme aux USA, mais sur l’opt-in. Sans oublier que Qwant ne vous noie pas dans des CGU à rallonge. Tout est dit en une page claire. Et, last but not least : Qwant ne compte pas sur un cloud du type Amazone, mais sur ses propres infrastructures et des serveurs basés en France. Voilà qui fait de Qwant un acteur militant face aux forces en présence. Du moins telles étaient les intentions initiales.
Le passage à vide de Qwant
Mais Qwant a du mal à décoller. Pourtant la start-up se démène. Elle lance ainsi la brillante idée de Qwant Junior. Sur la base de la liste noire de l’université de Toulouse, Qwant retire de ses résultats les sites à caractère violent, pornographique ou raciste. Elle renforce ce tri avec un système propre pour des résultats plus pointus encore et pour déférencer les sites marchands. Au total, trois millions de sites n’apparaissent pas dans les résultats de Qwant Junior. Mieux encore : Qwant crée en 2015 la liste blanche qui répertorie les sites validés par l’éducation nationale française, les professeurs et le rectorat. Qwant devient même en janvier 2020 le moteur de recherche officiel de l’administration publique française. Mais malgré ces efforts et beaucoup d’argent public, Qwant piétine et s’enfonce dans le rouge. Quelques raisons de ces difficultés : les recherches débouchent sur une cinquantaine de résultats voire moins encore. Et puis, beaucoup de résultats semblent venir de Bing, le moteur de recherche de Microsoft. L’été 2020 est donc celui du renouveau.
L’utilisateur au centre pour renforcer le retour de Qwant
En juillet 2020, Eric Léandri cède son siège à Jean-Claude Ghinozzi. Sa tâche est immense, mais elle est très séduisante et, pour le nouveau président directeur général, le pari de Qwant mérite d’être mené. Il convient selon lui de rester cet acteur militant des premières heures et d’offrir aux utilisateurs, de plus en plus conscients de leur identité numérique, une alternative à Google. Une alternative qui respecte ses utilisateurs et ne revend ni ne conserve les données numériques. Mais une alternative sérieuse et capable d’offrir un excellent service. Jean-Claude Ghinozzi veut y arriver en mettant l’utilisateur au centre de chaque avancée et de chaque proposition, en cherchant toujours à savoir ce qui lui plait ou lui déplait, en cherchant toujours à être à la pointe de la technologie c’est-à-dire en innovant. Mais en innovant avec des partenaires français ou européens. Reste à voir si, avec ces ambitions reformulées, Qwant dépassera ses 4 % de parts de marché actuelles. Et pourra un jour faire de l’ombre à Google. Un objectif dont la réalisation est aussi entre les mains des utilisateurs…